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Bataille de KOURSK

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Message par Invité Lun 31 Aoû - 9:08

Bataille de KOURSK


La bataille de Koursk oppose du 5 juillet au 23 août 1943 les forces allemandes aux forces soviétiques sur un immense saillant de 23 000 km2 situé au Sud-Ouest de la Russie, à la limite de l'Ukraine, entre Orel au nord et Belgorod au sud.C'est l'une des batailles qui ont déterminé l’issue de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

Alors qu'il est communément admis que la bataille de Stalingrad représente le véritable tournant de la Seconde Guerre mondiale en Europe, le « début de la fin » pour la Wehrmacht et la mise en route de l'avancée irrésistible du « rouleau-compresseur » soviétique jusqu'à Berlin, la bataille de Koursk n'est perçue comme un tournant dans le conflit qu'à partir des années 1950, alors que Khrouchtchev, membre du conseil de guerre du front du Voronetz pendant la bataille, exerce un certain nombre de responsabilités en URSS1. De plus, cette bataille nuance la thèse du rouleau compresseur soviétique jusqu'à Berlin : le premier semestre de l'année 1943 constitue en fait sur le front russe une phase d'équilibre, de récupération et de préparation à l'ultime tentative du Troisième Reich de reprendre l'initiative contre l'Armée rouge après ses échecs successifs devant Moscou et Stalingrad.

Pour le haut-commandement (Oberkommando der Wehrmacht), son nom de code est opération Citadelle2. Elle va se solder par un nouvel échec pour le Reich. Trois armées allemandes regroupant 900 000 hommes3 soit 50 divisions dont 19 blindées et motorisées (plus 20 divisions de réserve), 10 000 canons et mortiers4, plus de 2 000 avions4 et 2 700 chars4 se lancent à l’assaut de deux armées blindées soviétiques épaulées de 4 corps blindés5 de 3 300 chars6 et d’une armée d’infanterie regroupant 1,337 million d’hommes, 19 300 canons et mortiers5 ; soit 2 millions de combattants sur un front long de 270 km. Le Reich y engage 2 000 avions dont les 1 800 avions des 4e et 6e flottes aériennes et plus de 50 % de ses blindés disponibles. Le général Erfurth ira même jusqu'à déclarer que « tout le potentiel offensif que l'Allemagne avait pu rassembler fut jeté dans l'opération Citadelle. »7.

Bien qu'y ayant engagé l’essentiel et le meilleur de ses forces disponibles, la Wehrmacht se heurte à une défense soviétique solide, bien organisée et opiniâtre qu'elle ne parvient pas à percer malgré l'ampleur considérable des moyens engagés ; elle subit de lourdes pertes. L'Armée rouge, malgré des pertes encore plus importantes8, dispose de réserves stratégiques et lance deux contre-offensives de part et d'autre du saillant de Koursk, l’opération Koutouzov et l’opération Rumyantsev. Ces contre-attaques rejettent la Wehrmacht sur ses lignes de départ et permettent la libération de deux villes stratégiquement importantes, Orel et Kharkov.

Comme il était prévisible, l'issue de cet affrontement gigantesque fut exagérée par la suite par la propagande soviétique9 et minorée par la propagande nazie, entre autres. Après cette défaite, la Wehrmacht ne parvint plus jamais à reprendre l'offensive sur le front russe. Elle subit dès lors une poussée continue, parsemée de défaites successives, qui allait conduire à la libération du territoire soviétique de l’occupation nazie, à la traversée de la Pologne par l'Armée rouge et enfin à la conquête de Berlin. Mais après cette bataille, fin août 1943, il apparaît que l'Allemagne a probablement déjà perdu la Seconde Guerre mondiale.

La guerre à l'Est vient d'entrer dans sa troisième année. Les deux précédentes ont été marquées par le même schéma : une offensive des forces de l'Axe pendant la belle saison, durant laquelle les Allemands peuvent exploiter la supériorité tactique de leurs forces, plus capables de mettre en œuvre la coordination nécessaire entre les différentes armes, pour réaliser les opérations connues sous le nom de Blitzkrieg. Les Soviétiques, moins mobiles, se retrouvent alors obligés de céder du terrain pour gagner du temps et constituer des réserves, en attendant que l'offensive allemande marque le pas avec l'arrivée de l'hiver. Des conditions climatiques rigoureuses et l'état des routes réduisent l'avantage tactique des Allemands en termes de mobilité. L'Armée rouge peut alors bloquer ou ralentir la progression de l'invasion allemande et passer à son tour à l'offensive en profitant des qualités combattantes de son infanterie. L'année 1941 fut catastrophique pour l'Armée rouge, mal organisée, mal commandée, et prise au dépourvu par la déferlante de l'attaque allemande. Pour ces raisons, elle subit pendant l'été 1941 des pertes colossales lors de l'opération Barbarossa. Mais, contrairement aux prévisions des dirigeants du Reich nazi, elle ne s'effondra pas et, renforcée par des troupes d'Extrême-Orient, elle parvint à enrayer l'attaque allemande lors de la bataille de Moscou, passant à la contre-offensive. Cependant, mal dirigée et trop ambitieuse, celle-ci s'enlisa assez rapidement et provoqua de lourdes pertes, donnant à l'armée allemande la possibilité d'attaquer de nouveau au printemps 1942.

Les Allemands choisirent de mener une offensive plus localisée que l'année précédente, en concentrant leurs forces sur le sud du front, pour y chercher la décision, et en restant sur la défensive sur le reste du front évitant la direction générale de Moscou où attend le plus gros des forces soviétiques. L'avancée en territoire soviétique fut considérable en 1941 du fait de la surprise initiale de l'invasion de juin. Mais, par rapport à 1941, les pertes soviétiques furent moindres. La Stavka put repositionner ses forces avant d'anéantir une armée allemande au complet, la VIe commandée par l'éphémère Feldmarschall Paulus, lui-même fait prisonnier lors de la bataille de Stalingrad10, plus grande défaite militaire allemande depuis la bataille d'Iéna en 1806[réf. nécessaire]. Tous les gains allemands de l'été furent reconquis et la VIe armée dut capituler. Mais cette victoire soviétique fut suivie d'une contre-offensive généralisée qui, là encore, pécha par excès d'optimisme. En effet, la Stavka voulut aller plus loin, en enfermant les forces en cours de repli du Caucase et en attaquant le Groupe d'armées centre. Les troupes soviétiques furent poussées en avant, sans considération de l'épuisement des unités et des difficultés logistiques. Habilement, Erich von Manstein profita de l'occasion et après avoir économisé des forces en raccourcissant son front, contre-attaqua l'Armée rouge dans la région de Kharkov, lui infligeant une sévère défaite en février et mars 1943 (troisième bataille de Kharkov)11. Avec l'arrivée de la saison des boues, la raspoutitsa, le front se stabilisa alors sur une ligne partant de Léningrad au nord jusqu'à Rostov au sud. Au centre se trouvait un profond saillant de 200 km de largeur et de 150 km de profondeur, entre la position avancée allemande d'Orel au nord et la prise récente de Manstein, Kharkov, au sud. Les deux état-majors étaient alors très divisés sur la conduite à tenir : attaquer ou non et si oui, où ?
Plans et préparatifs allemands
Plan d'attaque allemand.

Le commandement allemand est conscient, après l'échec de la bataille de Moscou et le désastre de Stalingrad, qu'une victoire militaire globale sur l'Union soviétique est désormais impossible compte tenu de l'ampleur des pertes du Troisième Reich sur le front soviétique depuis juin 1941, les effectifs de la Wehrmacht ne pouvant désormais plus y suffire. Par ailleurs, l'effet de surprise de l'invasion de juin 1941 a disparu, et portée par la mobilisation totale de la « Grande Guerre patriotique », l'industrie de guerre soviétique ne cesse de monter en puissance. Il convient désormais d'économiser des troupes et de gagner du temps, en espérant forcer l'un ou l'autre des Alliés à une paix séparée. À l'est, on décide de s'inspirer de la construction de la ligne Hindenburg sur le front de l'Ouest de 1918 et on commence la construction d'une série d'ouvrages défensifs connue en tant que ligne Panther-Wotan12, où la Wehrmacht va se retrancher d'ici la fin de l'année 1943. Cependant, compte tenu du potentiel militaire soviétique qui ne cesse de se développer de 1941 à 1945, le front se prête mal à une stratégie défensive de longue haleine, et il est nécessaire de la rectifier, dès que la météo permettra de nouveau les opérations mobiles.
Des débats de fond agitent l'état-major allemand, autour de la priorité qui doit commander la future offensive : la puissance ou le temps, soit privilégier une attaque différée avec de nouveaux chars lourds ou une attaque rapide avec les chars en service depuis plusieurs années13.

Erich von Manstein est partisan d'une attaque rapide en direction de Koursk, dès que le temps le permettra. Il veut surprendre et détruire les nombreuses forces soviétiques présentes dans le saillant du même nom, car ce sont les troupes qui ont le plus souffert lors des derniers mois, avant que celles-ci n'aient le temps de consolider leurs positions14. Cette avancée soviétique sur le front ennemi, à la jonction du Groupe d'armées Centre et du Groupe d'armées Sud allemands, pourrait être coupée par un mouvement de pince à sa base. De nombreuses forces soviétiques — près d'un cinquième des ressources humaines de l'Armée rouge finit par y être stationnée —, pourraient être détruites et le front raccourci de manière significative. De plus, on s'emparerait de nouveau du nœud ferroviaire stratégique situé sur la principale ligne Nord-Sud allant de Rostov à Moscou15. On compliquerait ainsi les mouvements des réserves soviétiques vers le sud. En mars, les plans étaient décidés. La 9e armée de Walther Model attaquerait au nord depuis Orel pendant que la 4e armée panzer de Hoth et le détachement de Kempf sous le commandement global de Manstein attaqueraient du sud depuis Kharkov, traversant le front de Voronej afin d'opérer une jonction avec la 9e armée à hauteur de Koursk16. Cependant, si l'offensive se déroulait bien, les deux armées étaient autorisées à continuer en suivant leur propre initiative, avec pour objectif général de créer une nouvelle ligne sur le Don, loin vers l'est. Cette offensive nommée opération Citadelle16, devait être déclenchée dès que l'état du terrain le permettrait (après la raspoutitsa, la période des mauvaises routes dues à la pluie). Guderian et Model, par contre, appuyés par Speer, proposent de mener une offensive suffisamment puissante pour pouvoir percer les défenses soviétiques, basée sur l'arrivée massive de chars Panther remaniés et de chars lourds Tigre et Ferdinand17.
L’assaut fut préparé avec un très grand soin par les généraux allemands, qui accordèrent une attention particulière au terrain et au système défensif des Soviétiques. Selon le général allemand Mellenthin, qui souligne qu’« aucune offensive n'avait jamais été préparée avec plus de soin que celle-là »18, chaque mètre carré en avait été photographié d'avion.

Il apparut rapidement, au vu des reconnaissances aériennes, que l'état-major soviétique avait anticipé cette attaque et considérablement renforcé ses défenses. L'attaque se transformerait en un assaut en règle de positions fortifiées. L'état des forces d'invasion ne permettait pas le succès d'une telle opération et on décida d'en retarder le déclenchement pour renforcer les unités engagées. D'abord prévu pour le 1er mai, l'assaut fut retardé jusqu'au 12 juin, puis finalement au 4 juillet afin de disposer de nouvelles armes, en particulier les nouveaux chars Tigre et Panther16. À l'inverse des dernières entreprises, Hitler donna au quartier général un contrôle considérable sur la planification de la bataille. Pendant les quelques semaines suivantes, il continua à accroître les forces attachées au front, retirant sur l'ensemble des lignes allemandes tout ce qui pouvait être utile à la confrontation prochaine. Contrairement aux offensives précédentes, l'effet de surprise, même au niveau tactique, n'est plus recherché ce qui contredit les fondements de la Blitzkrieg, la Stavka connaissant le lieu de l'attaque et s'y préparant. L'Operation Zitadel prévue par l'OKW était l'antithèse de ce concept. Le point de l'attaque était grandement prévisible pour toute personne disposant d'une carte et reflétait une logique issue de la Première Guerre mondiale. Plusieurs commandants allemands soulevèrent la question, notamment Heinz Guderian, qui demanda à Hitler : « Est-il nécessaire d'attaquer Koursk, et par principe dans l'Est cette année ? Pensez-vous seulement que quelqu'un sait où est Koursk ? » Étonnamment, Hitler répondit : « Je sais. Cette pensée me retourne l'estomac. »15

Manstein, attaché à l'idée de surprise maintenant compromise, propose une autre approche. Elle s'appuie sur les mêmes principes qui ont conduit au désastre de l'Armée rouge à Kharkov. Il s'agit de provoquer l'attaque des Soviétiques, puis de lancer une contre-offensive quand celle-ci sera trop avancée. La région choisie est le centre industriel du Donetsk dont la richesse constitue un appât de choix. Von Manstein compte y attirer un maximum de forces soviétiques, puis les couper de leurs arrières en faisant mouvement à partir de Kharkov sur la rive orientale du Donets vers Rostov, au sud, piégeant la totalité de l'aile sud de l'Armée rouge contre la mer d'Azov. L'avantage ainsi acquis serait alors utilisé pour mettre en place un front défendable. Ce plan a cependant l'inconvénient de laisser l'initiative à l'Armée rouge, un précédent préjudiciable au moral du Troisième Reich et à sa propagande, ce qui va motiver son rejet. Craignant une contre-attaque sur le flanc des unités d'attaque par le Front de la steppe, réserve soviétique déployée à la base du saillant, il proposa alors une variante de l'opération où l'on attaquerait d'abord ce dernier, en réalisant l'encerclement, plus en arrière de Koursk. Mais, craignant que ses moyens soient trop faibles pour une opération en profondeur, l'OKH préféra s'en tenir au plan initial.

Bataille de KOURSK Panzer10
Panzer IV en concentration dans les plaines devant le saillant de Koursk, le 21 juin 1943.


Bataille de KOURSK Contin10
Contingent du premier front ukrainien traversant le courant d'une rivière, photo prise également le 21 juin 1943.

Les troupes allemandes mettaient en ligne deux cents exemplaires de leur nouveau char Panther, 90 Ferdinand (chasseur de chars), tous leurs Henschel Hs 129 (avion d'attaque au sol), les Tigre I et le modèle récent Panzer IV. Au total, une cinquantaine de divisions allemandes (comptant 900 000 hommes) dont quatorze blindées et deux motorisées furent rassemblées pour cet assaut et se partagèrent 2 700 chars, 2 500 avions ainsi que 10 000 pièces d'artillerie19. C'était la plus grande concentration de puissance militaire allemande jamais réalisée[réf. nécessaire].

Plans et préparatifs soviétiques

Du côté soviétique, on est également partagé sur la conduite à tenir. Staline et une partie des officiers de la Stavka veulent frapper les premiers car ils pensent que l'expérience a montré que l'on ne pouvait s'opposer à une offensive estivale allemande, une fois celle-ci déclenchée. Ils préfèrent donc prendre les devants en attaquant frontalement à Orel et Kharkov pour exploiter la situation en direction des marais du Pripiat. Beaucoup d'officiers soviétiques sont plus confiants en la capacité de l'Armée rouge à résister grâce aux progrès réalisés dans les tactiques défensives. Ils préfèrent attendre que les Allemands s'épuisent dans leur attaque pour bénéficier ensuite d'une nette supériorité quand ils passeraient à l'offensive générale, opération que les déficiences encore présentes dans la logistique risquent de transformer en désastre coûteux. Le lieu d'attaque n'est pas un mystère pour les Soviétiques, Joukov ayant prédit dès le mois d'avril une attaque sur le saillant. Par la suite, les rapports de renseignement du "réseau Lucy" opérant en Suisse, et d'autres sources comme les décryptages réalisés par les Britanniques et les Américains des codes Enigma, confortent cette intuition, ne laissant aucun doute sur les intentions de l'ennemi. Cette position prudente finit par emporter la discussion et les Soviétiques prennent un soin particulier à la préparation d'une défense échelonnée dans la profondeur et à masser des forces nombreuses dans le saillant.

Pendant les quatre mois de répit accordés par le retard des Allemands, l'Armée rouge disposa plus de 400 000 mines et creusa environ 5 000 kilomètres de tranchées, avec des positions parfois reculées de 175 kilomètres20. On met l'accent sur la lutte antichars avec la création à tous les échelons de commandement d'unités spécialisées dans cette tâche, regroupant à la fois des canons antichars mais aussi des sapeurs et des unités mobiles. Malgré tout, le commandement soviétique est inquiet, se remémorant avec quelle facilité les Allemands ont autrefois percé leurs lignes. Il déploie donc de nombreux renforts pour contre-attaquer, si nécessaire, ce qui lui permettra de bénéficier globalement d'une supériorité aussi bien en hommes qu'en matériel. Cent trente mille hommes, 3 600 chars, 20 000 pièces d'artillerie et 2 400 avions (dont les redoutables Yakovlev Yak-9 et Iliouchine Il-2, spécialisés en bombardement antichar) attendaient les troupes allemandes dans et derrière le saillant16. Sans oublier le grand nombre de dispositifs de mines installés avant la bataille : les rapports font état de 503 993 mines anti-tanks et de 439 348 mines anti-personnels.

Une grande partie des renforts était regroupée au sein du Front de la steppe qui fermait la base du saillant. Ces renforts étaient composés de deux armées, la 5e armée blindée de la Garde ainsi que d'un groupe d'assaut sous les ordres du général Koniev21. Ces forces devaient éventuellement participer à la défense, si l'attaque ennemie devenait menaçante, mais attendaient surtout que l'on estime la Wehrmacht battue, pour être lancées dans une contre-offensive généralisée. L'Armée rouge recruta également en masse des femmes dans ses unités de combat notamment dans l'infanterie, les chars, la flotte aérienne ainsi que dans des postes de soutien tels que les équipes médicales ou le décryptage des signaux ennemis2.


Bataille de KOURSK Mitrai10
Une mitrailleuse Maxim de l'Armée rouge en action.

Tactiquement, la défense s'appuyait sur des corps d'infanterie, chacun fort de trois divisions de fusiliers. Ces unités se répartissaient sur les deux premières lignes de défense situées sur vingt kilomètres en profondeur. Deux divisions, dans la ligne de défense principale, constituaient le premier échelon, la troisième occupant les positions de la seconde ligne et formant le second échelon. L'unité de base de ces lignes était la zone de défense de bataillon, un carré de deux kilomètres de côté qui comprenait un ensemble complexe de points d'appui, de l'ordre d'une compagnie ou d'une section, se couvrant mutuellement. Deux ou trois tranchées reliaient ces points d'appui, la première garnie de mitrailleuses et d'armes antichars et protégée par un réseau de barbelés et un champ de mines. Les autres abritaient les armes d'appui comme des mortiers ou des canons d'infanterie. La seconde était placée deux cents mètres en arrière et la troisième, quand elle existait, un kilomètre plus loin. Des positions de tir alternatives étaient prévues sur les flancs en cas de percée dans le secteur des unités voisines, et des boyaux reliaient à plusieurs endroits les tranchées de combat pour permettre l'acheminement de renforts, du ravitaillement et un éventuel repli sur les positions à l'arrière. Quinze kilomètres derrière la zone tactique, une troisième ligne de défense était organisée, partiellement occupée par des troupes du second échelon. Elle constituait la dernière ligne défensive, les troupes survivantes défendant la zone tactique s'y retireraient et, rejointes par des renforts, y poursuivraient encore la lutte. Derrière la zone de défense de l'armée, il existait encore trois lignes de défense dites de front où étaient basés les renforts. Pour clôturer ce formidable dispositif, le Front de la steppe avait établi sa ligne de défense à la base du saillant, qui était de plus doublée par une ligne dite d'état, construite sur la rive est du Don2.

Outre les champs de mines posées avant la bataille, on généralisa les détachements mobiles d'obstacle, constitués par une compagnie ou un bataillon de sapeurs. Testés auparavant avec des fourgons hippomobiles à Koursk, ces derniers disposaient enfin de nombreux camions, en particulier ceux fournis par les accords de prêt-bail américains. Leur mission était de miner le terrain sur le front prévu d'une offensive imminente. Bien que cette tactique fût risquée pour les sapeurs, et que les mines fussent alors rarement enterrées, ces opérations se révélèrent très fructueuses. Le général Tislin affirmera que les deux tiers des chars détruits par les mines le furent par des mines posées par ces détachements. Cette tactique devint donc caractéristique du génie soviétique qui insistera alors, tirant les leçons de Koursk, sur l'importance des champs de mines. Outre leur rôle dans l'action défensive, ils pouvaient servir lors de phases offensives pour protéger les flancs.

L'opération Citadelle
Bataille de Koursk.svg


Bataille de KOURSK Panthe10
Les opérations terrestres commencent avec le lancement de l'opération Citadelle. Le nouveau char Panther photographié ici fut employé pour la première fois à Koursk, constituant le fer de lance de l'assaut allemand.

Après quatre mois de préparation et plusieurs ajournements22, le 4 juillet 1943, l'armée allemande déclenche les premiers combats sur le flanc sud du saillant, en attaquant les avant-postes soviétiques pour préparer l'assaut général du lendemain, à coups de canons et bombardements2. Ceux-ci étant situés sur de petites collines ayant des vues sur les zones de rassemblement des unités allemandes, toute possibilité de surprise était exclue. Le IIIe Panzerkorps du général Hoth attaque les positions autour de Zavidovka. La Panzergrenadier-Division Grossdeutschland, appuyée par 3 Panzer-Division, attaque Boutovo sous une pluie torrentielle tandis que la 11e Panzer-Division fait mouvement vers les hauteurs autour de la ville. À l'ouest de Boutovo, la Grossdeutschland et la 3e Panzerdivision rencontrent une résistance acharnée des Soviétiques et ne sécurisent pas leurs objectifs avant minuit. Le 2e SS-Panzerkorps attaque les postes d'observation avancés et rencontre lui aussi une défense solide qui nécessite de réduire les bunkers au lance-flamme. Sur le flanc nord, en cours d'après-midi, les Junkers Ju 87 Stuka bombardent pendant dix minutes une portion du front de trois kilomètres. Leur action est alors suivie par un tir de préparation massif d'artillerie.

À la suite d'un décryptage des informations secrètes de l'armée allemande effectué par les services secrets britanniques, les services secrets russes réussissent à extraire ces informations et informent Staline, qui en avertit les généraux soviétiques Nikolaï Vatoutine et Konstantin Rokossovski, de l'heure exacte de l'attaque prévue par les Allemands23. Ainsi, à 22 h 30, l'Armée rouge déclenche un tir d'artillerie massif pour essayer de désorganiser l'attaque allemande2. Sur le flanc nord, cette opération visant l'artillerie adverse est particulièrement efficace puisque près de la moitié de l'artillerie allemande est touchée par le tir de contre-batterie. Mais elle eut une influence bien moindre le lendemain. Au sud, Joukov reconnut par la suite que le tir fut déclenché trop tôt, manquant en grande partie les unités allemandes d'infanterie et de blindés visées, qui n'étaient pas encore sorties de leur zones de regroupement à l'arrière. Les pertes allemandes furent donc faibles, mais la contre-préparation soviétique provoqua néanmoins un retard de quelques heures dans le déploiement des troupes allemandes et donc de l'attaque.

La vraie bataille débute le lendemain. La VVS attaque massivement les bases de la Luftwaffe dans la zone, pour la contrer dans sa tactique habituelle d'obtention de la supériorité aérienne. Les quelques heures suivantes peuvent être considérées comme le plus grand combat aérien de l'Histoire, à égalité avec l'ensemble de la bataille d'Angleterre. L'installation, près des aérodromes allemands de radars de détection Freya permet à la chasse allemande de décoller à temps pour intercepter les vagues d'appareils soviétiques (rien que pour le nord du saillant, la Luftwaffe revendique 10 appareils perdus pour une centaine de victoires). Mais le manque de stocks d'essence empêche la Luftwaffe d'appuyer les troupes au sol sur l'ensemble du secteur d'attaque. Elle n'a donc jamais pu balayer sa rivale du ciel au-dessus du champ de bataille.

Enlisement rapide au nord


Bataille de KOURSK Chenil10
Réparation d'une chenille sur un char Tiger I.

La 9e armée de Walter Model engagée sur le front nord se trouve presque incapable d’avancer dès le premier jour, n'atteignant aucun des objectifs prévus. Son attaque, visant la ville et la gare de Ponyri24, sur un front large de 45 km, ayant été correctement anticipée par l'état-major du front central du maréchal Rokossovski, elle se retrouve au milieu de gigantesques champs de mines défensifs, protégés par des tirs d'infanterie et d'artillerie25. Les unités de sapeurs qui travaillent à dégager des cheminements subissent alors de lourdes pertes et ce malgré l'emploi de véhicules télécommandés Goliath. Ces mines provoquent de nombreuses mises hors service de véhicules, par exemple, la 653e Schwere PanzerJägerAbteilung eut 37 de ses 49 Ferdinand déchenillés dans la journée du 5 juillet 1943. Ces pertes ne sont, pour la plupart, pas définitives car les véhicules simplement immobilisés peuvent être réparés. Mais il en résulte un affaiblissement constant des forces participant à l'assaut. Ces dernières s'essoufflent très vite. L'avance ne fut que de 5 kilomètres sur un front de 40 le premier jour, puis de 4 le second. À partir du 7 juillet, le front d'attaque fut fortement réduit, avec seulement 15 kilomètres, et passa à 2 kilomètres les deux jours suivants. Mais l'attaque piétina de plus belle et plus jamais une avance supérieure à 2 kilomètres ne fut enregistrée. Le 10 juillet 1943, l'attaque marqua le pas, n'ayant avancé que de dix kilomètres dans le dispositif soviétique7 et n'ayant qu'à peine entamé la seconde ceinture défensive de celui-ci.

D'un point de vue opérationnel la zone de combat principale s'échelonne entre les villages de Ponyri à l'est et Teploïe à l'ouest. ils opposent particulièrement :

   - à l'ouest, le XLVIe Panzer Korps et la 70e armée ;
   - au centre, le XLVIIe Panzer Korps et le 29e corps puis le 17e corps de la garde ;
   - à l'est, le XLIe Panzer Korps et le 29e corps puis le 18e corps de la garde.

L'échec de cette offensive a plusieurs causes. L'une est paradoxale : bien que la 9e armée soit la plus faible des deux parties de la tenaille allemande, les Soviétiques l'ont par erreur anticipée comme l'attaque principale et avaient déployé leurs forces en conséquence. Autre raison de cet échec, la 13e armée soviétique, qui supporte le gros de cet assaut, a fait le choix, contrairement aux unités du flanc sud, de défendre de façon prioritaire la zone tactique, soit les vingt premiers kilomètres dans la profondeur. Ce choix, bien que laissant peu d'unités pour couvrir les lignes de défense suivantes, semble s'être révélé bien plus payant, la défense étant souvent en surnombre sur les points décisifs. Les Allemands ayant perdu 300 PzKpfW III et PzKpfW IV, une demi-douzaine de Tigres et une cinquantaine de chasseurs de chars, se retrouvent ainsi complètement exsangues et incapables de poursuivre leur avance.

Le 12 juillet 1943, l'Armée rouge déclenche sa contre-offensive contre les 2e et 9e armées dans le saillant d'Orel26. Dépassée en effectifs et en puissance, la Wehrmacht doit évacuer rapidement la zone et donc abandonner la face nord du saillant de Koursk, pressée de près par les unités d'assaut soviétiques appuyées par l'aviation. Le ratio global de pertes de ces opérations est toujours en faveur des Allemands mais seulement de trois pour cinq, très inférieur donc aux opérations précédentes et très insuffisant pour compenser la supériorité grandissante de l'Armée rouge en blindés, en artillerie et en avions. Ajouté au recul territorial et à la perte d'Orel, c'est donc un échec retentissant que subit la Wehrmacht dans la partie nord de l'opération.

Le passage à l'offensive des défenseurs de l'Armée rouge, au nord, intervient très tôt dans la bataille, sans presque aucune transition, dès le 12 juillet. Ce jour, les deux fronts plus au nord du dispositif, le Front de Briansk et celui de l'Ouest, déclenchent une offensive concentrique, l'opération Koutouzov, en direction d'Orel27. Le 15 juillet 1943, après s'être réorganisé, le Front du Centre se joint à l'attaque et les Allemands, attaqués sur trois côtés, durent battre en retraite précipitamment sur la ligne Hagen le 26 juillet, afin notamment de préserver leurs forces d'Orelt7, et durent alors envoyer des renforts à partir du sud.

Les combats durent jusqu'au 18 août. Bien que plus coûteux pour les Soviétiques, ces combats leur permettent de libérer Orel et constituent les premiers succès de cette armée en période estivale. Ils permettent la libération de Smolensk le 25 septembre 194328.

Sur le front sud


Au sud du saillant, les circonstances sont beaucoup plus favorables aux Allemands. Le Front de Voronej qui leur fait face est moins puissant que le Front central du fait de l'erreur d'appréciation de la Stavka et il est attaqué par les meilleures unités de la Wehrmacht. Le premier jour, quatorze divisions y sont envoyées dont cinq d'infanterie, huit de panzers et une dernière motorisée7. De plus, les Soviétiques n'ont pas pu identifier le secteur exact de l'attaque allemande et ont donc dû répartir leurs forces de façon plus régulière et échelonnée sur la profondeur. La progression allemande est donc plus importante et la menace d'une percée décisive se profile rapidement. L'attaque est menée par deux armées allemandes sur deux axes. La poussée principale est réalisée par la 4e Panzerarmee du général Hoth forte de onze divisions dont six mécanisées. Elle vise la petite ville d'Oboïan qui est le trajet le plus direct pour atteindre Koursk29. Sur sa droite, le détachement d'armée du général Kempf, parti de la région de Belgorod, attaque lui sur l'autre rive de la rivière Donets, en direction du nord, tandis que le Corps Raus attaque sur la rive droite30. Von Manstein décide, contrairement à Model, de pousser ses unités blindées dès le premier jour pour rompre au plus vite. La surprise, déjà compromise par la capture de prisonniers est encore atténuée sur le front sud par l'opération préliminaire menée au cours de la journée du 4 juillet contre les avant-postes de la 6e armée de la Garde, faisant face au 48e Panzerkorps. Ces avant-postes, placés sur des petites collines basses avec vue sur les zones de regroupement allemandes, rendaient toute surprise impossible. Le général Knobelsdorff, commandant le corps, décida donc de s'en emparer la veille de l'offensive générale car ils avaient aussi l'inconvénient de lui dissimuler la première ligne soviétique.

Après l'ouverture de couloirs dans les champs de mines dans la nuit du 3 au 4 juillet, un bombardement par cent Ju87D à 14h45 et une courte préparation d'artillerie, les régiments d'infanterie des 3e et 11e Panzerdivision ainsi que ceux de la division Grossdeutschland attaquent ces positions, avec le concours d'unités du 52e Armeekorps sur sa gauche et du 2e Panzerkorps SS sur sa droite. Le 199e régiment de fusiliers de la Garde qui défend les avant-postes, résiste quelque temps, mais évacue à la tombée du jour vers la ligne de défense principale. Le 48e Panzerkorps s'empare des postes d'observation, positions importantes et favorables pour attaquer l'ennemi. Cependant, toute chance de surprise tactique s'est envolée. Vatoutine conclut donc, avec raison, qu'il a à faire face à une attaque en direction d'Oboïan avec une attaque secondaire à partir de Belgorod. À deux heures du matin, dix minutes avant l'attaque prévue par les Allemands, il déclenche lui aussi, comme Rokossovski, une contre-préparation de plusieurs heures à l'aide de son artillerie mais, du fait de sa situation différente, choisit de cibler prioritairement les concentrations de troupes plutôt que l'artillerie adverse. Les unités allemandes, pour la plupart à l'abri dans des positions défensives, subiront cependant relativement peu de pertes. En revanche, les effets sur l'organisation et le moral allemands seront importants et il faudra à l'état-major allemand retarder de deux heures l'attaque pour réorganiser ses unités. Le génie met néanmoins la nuit à profit pour dégager des couloirs dans les champs de mines qui protègent la première ligne soviétique.
L'assaut

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Combattants anti-char
Photo Natalia Bode

À quatre heures trente du matin, le 5 juillet, les bombardiers de la 4e Luftflotte se présentent au-dessus des positions de la 6e armée de la Garde qu'ils bombardent intensément. L'attaque aérienne est suivie une heure plus tard d'un tir d'artillerie de cinquante minutes mais très intense sur tout le front d'attaque du groupe d'armée sud. À partir de cinq heures du matin, les 500 chars et l'infanterie de la 4e Panzerarmee commencent à avancer2,31. Le terrain sec jusqu'au 4 juillet a été détrempé dans l'après-midi de cette journée, rendant le mouvement des véhicules à roues très difficile. Autre problème omniprésent, les mines soviétiques, qui malgré le travail des pionniers allemands, provoquent de nombreuses pertes. Les Soviétiques affirmeront par la suite que sur le front sud du saillant, lors du premier jour, les pertes de la Wehrmacht ont été de 67 chars et l'équivalent de deux bataillons d'infanterie. En plus, de nombreux officiers seront tués ce jour par les pièges soviétiques. Le commandant de la 332e Infanteriedivision, par exemple, trouvera la mort de cette façon lors de l'attaque initiale. Les résultats sont assez inégaux, selon les unités. La 3e Panzerdivision, malgré les difficultés, réussit dès le premier jour à repousser les éléments de l'Armée rouge défendant Butovo de près de cinq kilomètres, perçant ainsi la première ligne de défense. La division Grossdeutschland, elle, se retrouve bloquée par un fossé antichar rempli d'eau, jusqu'au lendemain. Le Panzer-Regiment 39 avec ses deux cents chars Panther flambant neufs, coincé dans un champ de mines, subit de lourdes pertes et est alors incapable de soutenir la division qui, elle aussi, subit de grosses pertes d'infanterie et est repoussée. L'attaque doit être alors annulée et remplacée par une nouvelle plus à l'est. La 11e Panzerdivision, elle, réussit son attaque contre la 67e division de la garde mais n'arrive à repousser celle-ci que de six kilomètres, à la suite de l'intervention des quarante chars de la 96e brigade blindée. Au soir du 5 juillet, le 48e Panzerkorps a donc réussi à percer la première ligne de défense soviétique mais son avance est inférieure aux prévisions avec six kilomètres au maximum. Elle n'est qu'à mi-chemin de la seconde ligne et incapable de préparer une attaque à l'aube du 6.


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Soldats de la division SS "Das Reich" progressant sous le couvert d'un char Tiger I.

Plus à l'est, le 2e Panzerkorps SS a, lui, eu plus de chance car ses trois divisions de panzergrenadiers n'ont eu comme opposition que deux régiments, un de la 375e division et un de la 52e division de la Garde, les Soviétiques n'ayant apparemment pas anticipé une attaque dans ce secteur. Malgré les mines et la météo, l'attaque se déroule bien et progresse vite, la 375e division poursuivie par la 3e SS-Panzergrenadier-Division Totenkopf doit se replier derrière la rivière Donets, et exploitant la brèche créée par les divisions Leibstandarte Adolf Hitler et Das Reich, peuvent se positionner, au soir, à moins de cinq cents mètres de la seconde ceinture défensive. Comparativement aux autres unités allemandes, le résultat est bon mais les pertes sont lourdes et les unités de l'Armée rouge se sont repliées en bon ordre, n'abandonnant que peu de matériel. Plus au sud, le détachement d'armée Kempf attaque la 5e armée de la garde, à partir de la tête de pont que les Allemands ont prise sur la rive est du Donets à Belgorod. Cette attaque commencée le 5 à 2h25, est plus difficile du fait de la nécessité de franchir le cours d'eau. L'artillerie soviétique détruira de nombreux ponts dans la journée, freinant la progression ennemie. La 168e Infanteriedivision, pourtant supportée par les chars de la 6e Panzerdivision, ne repousse le 238e régiment de la Garde que de trois kilomètres. La 19e Panzerdivision, elle aussi confrontée aux unités de la 81e division de la Garde, plus au nord, progresse peu. Seule la 7e Panzerdivision réussit à percer la première ligne de défense tenue par la 78e division de la Garde, après avoir franchi la rivière et repousse celle-ci à mi-chemin entre les ceintures défensives. Le général Breith, commandant le 3e Panzerkorps, décide alors de renforcer ce succès en retirant la 6e Panzerdivision de la tête de pont nord et de l'envoyer soutenir la 7e au sud. Cette initiative, quoique correcte tactiquement à son échelle, provoquera une difficulté pour l'ensemble du dispositif allemand, obligeant durant plusieurs jours, la division Totenkopf à faire face à l'est pour protéger la droite de la 4e armée de panzer. La 19e Panzerdivision sera elle aussi obligée de s'engager vers le nord pour couvrir la gauche de Kempf. Les Soviétiques pousseront de nombreux renforts dans ce petit saillant pour tenter de maintenir séparées les deux attaques allemandes. Ils réussiront à s'y maintenir jusqu'au 15 juillet, fixant de nombreuses forces allemandes qui ne purent donc participer pleinement à l'offensive principale. Plus au sud, les 11e et 42e corps connaissent peu de réussite, seule la 106e Infanteriedivision réussira à prendre pied sur la rive est mais seul un pont de huit tonnes sera établi, incapable de supporter des blindés pour appuyer la poursuite de l'attaque. Elle s'empare de la petite ville de Toblinka où son avance est arrêtée par une contre-attaque de la 72e division de la Garde appuyée par des blindés et des éléments de la 213e division. La 320e Infanteriedivision atteint la voie ferrée à Maslova Pristani. Les autres divisions, si elles ont toutes réussi le franchissement, sont bloquées encore plus rapidement. Les deux corps d'infanterie au sud de Kempf n'ont donc pas réussi à percer la première ligne et se retrouvent dans une situation délicate, dos à la rivière.

Sa première ligne de défense étant percée à deux endroits, Vatoutine profite de la nuit du 5 au 6 juillet pour déployer des renforts derrière sa seconde ceinture défensive, pour renforcer les unités en place et celles qui se sont repliées face à l'attaque allemande. La 1re armée de chars se déploie derrière la 6e armée de la Garde pour interdire la direction d'Oboïan. Initialement, elle doit contre-attaquer le 6 au matin mais Vatoutine et le général Katoutov qui la commande, décident finalement de la placer dans une posture défensive en enterrant ses chars pour interdire toute percée directe vers Koursk. La Stavka a aussi mis à sa disposition deux corps blindés, le 10e, provenant de la 5e armée de la Garde, renforce la 1re armée de chars, et le 2e corps blindé de la Garde, issu des réserves du Front sud-ouest, lui se met en position au sud de Prokarvha pour agir sur le flanc est du 2e SS Panzerkorps. Vatoutine prélève aussi des unités au sein des armées hors des secteurs d'attaque, pour les redéployer face à la menace allemande. Ainsi la 309e division de fusiliers de la 40e armée se met en réserve dans l'axe d'Oboïan. Deux brigades blindées, les 180e et 192e, mèneront des contre-attaques sur le flanc ouest du 48e Panzerkorps.

Von Manstein donne l'ordre de percer la seconde ligne au matin du 6. Le 48e Panzerkorps avance en repoussant les trois divisions de la Garde qui lui font face dans les positions de deuxième ligne mais retardé par les mines et la résistance soviétique, il doit constater son impuissance dès la fin de la journée. Au total, il n'a progressé que de dix kilomètres en 48 heures. Déjà présent sur les avant-postes de la seconde ligne, au soir du 5, le 2e SS panzerkorps est donc la seule unité qui attaque ces positions. Largement soutenue par la Luftwaffe, l'attaque de la division Leibstandarte Adolf Hitler, à Iakolevo, est très réussie et le 155e régiment de la Garde voit ses positions submergées, de nombreux prisonniers étant capturés. Les Allemands exploitent ce succès en attaquant de flanc le 151e régiment voisin. Mais les Soviétiques aveuglent la brèche en déployant le 31e corps blindé, au nord de la ville, bloquant toute exploitation immédiate et lancent deux contre-attaques de blindés. Plus à l'est, la division SS "Das Reich" attaque à Loutchki. Elle progresse bien mais la contre-attaque menée par le 2e corps blindé de la Garde, appuyée par la 69e armée, l'empêche de percer les lignes de défenses. La troisième division du corps Totenkopf, elle, n'attaque pas et passe toute sa journée à repousser les offensives menées par la 375e division, appuyée par les blindés de la 96e brigade blindée et la 496e de chasseurs de chars. Au soir du 6, le 2e corps SS a donc entamé la seconde ligne de défense. Ils revendiquent la capture de 1609 prisonniers et la destruction de 90 chars et 83 canons antichars. Cependant, les pertes allemandes sont lourdes : la division Adolf Hitler déplore 84 morts et 384 blessés, rien que ce jour. En 48 heures, elle totalise 181 tués et 906 blessés ce qui représente dix pour cent de son effectif. Et Koursk est encore à 110 kilomètres.

Dans le secteur de Kempf, le 3e Panzerkorps réussi à percer définitivement la première ligne de défense et à atteindre le seconde, les 6e et 7e Panzerdivision atteignant Yastrebovo. Le 11e corps peut alors profiter de la retraite des unités soviétiques et avancer lui aussi. En revanche, le 52e corps, malgré son attaque, lui reste sur la rive ouest du Donets.

L'attaque sur un front plus étroit, environ trente kilomètres, progresse mieux, mais comme au nord, le front d'attaque et la progression ont tendance à se réduire au fur et à mesure que les jours passent. Dès le 7 juillet, l'attaque ne se produit plus que sur vingt kilomètres de front, puis va tomber à quinze le 9 juillet. La progression réalisée en profondeur chute elle aussi très rapidement, l'avance est de neuf kilomètres, le 5 juillet, mais elle tombe à cinq le 9 juillet et ne dépassera pas deux ou trois kilomètres les jours suivants. Un soldat de la division Grossdeutschland se rappelle Koursk : « [...] des machines pourtant solidement rivetées s’ouvraient comme le ventre d’une vache fendue en deux, avec des flammes et des gémissements, des arbres réduits à l’état d’allumettes… ; les cris des officiers et des sous-officiers essayant de regrouper leurs pelotons et leurs compagnies dans ce cataclysme. »

Si l'avance est supérieure et la première ligne soviétique percée, l'absence de capture importante de prisonniers et de destruction d'artillerie montre que les troupes soviétiques reculent en bon ordre. La défense n'est pas débordée et continue à s'opposer constamment à l'offensive. La nuit, des petits groupes de sapeurs soviétiques posent des mines devant le front supposé des offensives allemandes du lendemain ; 90 000 mines sont ainsi posées. Les unités d'infanterie et l'artillerie retardent par leur action l'avance des troupes allemandes, donnant le temps aux renforts de s'installer sur les axes menacés.

Les pertes du Reich sont considérables et non compensables à court terme, un grand nombre d'unités d'assaut ayant été pratiquement totalement anéanties. Ainsi, le 195e régiment de la 78e division d'infanterie perd en deux jours tous ses commandants de compagnie. Le 11 juillet, moins d’une semaine après le déclenchement de l’opération « Zitadelle », les éléments combattants de la 18e Panzerdivision comptaient encore 5 266 hommes et 157 officiers ; 12 jours plus tard, il ne restait que 890 hommes et moins de 30 officiers. Une semaine plus tard, un des régiments de Panzergrenadier de la division était réduit à 127 soldats seulement et il ne lui restait qu’un officier commandant de compagnie. Cette hécatombe força le commandant de la division à ordonner à toutes les unités de ravitaillement de monter au front (O. Bartov). Après cinq jours de combat, la division Gross Deutschland rend compte le 10 juillet qu'elle n'a plus en état de combattre que 3 Tigres, 6 Panthers et 11 Panzers III et IV sur les 118 chars qu'elle avait au début de l'offensive. Les commandants et les officiers supérieurs des deux régiments d’infanterie et de trois autres bataillons sont presque tous tués ou blessés. Le XLVIII Panzerkorps, lui, n'a plus que 38 Panthers sur les 200 initiaux.

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Message par Marcius45 Ven 3 Juin - 17:16

KOURSK: PANZERS ALLEMANDS CONTRE TANKS SOVIETIQUES



CHAR MOYEN


ALLEMANDS


PANZER III Ausf. J (lang)  canon long de 50 mm L60, mais aussi panzer III ausf N a canon court de 75 mm
PANZER IV Ausf.  H (lang) canon long de 75 mm L43 PUIS L48 : perce 85mm de 30° a 1000 m.
PANZER V  Ausf.  D (Panther) canon de 75 mm   L70 :perfore 138 mm a 1000 m et ou 89 mm a 2000 m.
DE GROS PROBLEMES DE JEUNESSE :mise au point en usines pour le "Panther" et surtout absence de depanneurs performants pour le remorquer.Une trentaine de perdus par sabordage fautes de moyens d evacuations.

SOVIETIQUES

T34/76 Modele 1942/1943: canon de 76,2 mm F34 : perfore 57 mm a 500 m et ou 47 mm a 1000 m sous incidence de 30°.
Plusieurs differences sur les T34 : tourelles soudees, moulees, exagonales,arrondies (la plupart sans radio)galets de routes(5): avec bandage caoutchouc,et ou entierement mattalique,ou meme mixtes. TOUT CELA celon les "ZAVOD" (USINES DE CONSTRUCTIONS).

CHAR LOURD.


ALLEMANDS

PANZER VI Ausf E. TIGER I.

ENVIRON 147 EXEMPLAIRES.
Sa masse de 57 t use rapidement les organes internes.Surtout si les pilotes utilisent sportivement les vitesses:brutalement retrograder de la 8 eme a la 4 eme vitesse,bielles et vilebrequin n apprecient gueres.
Bris de chenilles tres important dus aux mines: (deminage imparfait et vite fait).
MAIS SON CANON REGNE SUR LE CHAMP DE BATAILLES! 88 mm KWK 36 L56 , perce 110 mm a 30° a 2000 m et 138 mm a 1000 m.

SOVIETIQUES

KV1 et KV1S mais seulement dotes du meme canon de 76,2 mm que le T34 !!!

LE RATIO DES PERTES A KOURSK S ETABLIT A: 36 blindes sovietiques pour 1 TIGER!

NOTA: LE T34/85 EST ENCORE EN ETUDE ,AINSI QUE LE KV85!.

CHASSEUR DE CHAR.


ALLEMANDS

PANZERJAGER: du bricolage et de la recuperation.
MARDER II sur base de panzer II canon de 75 mm Pak 40/2.
MARDER III sur base de panzer 38 t canon de 75 mm Pak 40/3.
NASHORN sur base de panzer IV avec canon de 88 mm.
HORNISSE sur base de panzer III et IV :canon de 88 mm Pak 43 L71, present mais non engages lors de cette bataille!

SOVIETIQUES.

"RATSCH-BOUM" SU76M sur base de char T70 .canon de 76,2 mm ZIS 3 modele 1943

CHASSEUR DE CHAR LOURD.


ALLEMANDS.

PANZERJAGER TIGER P "FERDINAND"
RECYCLAGE DES 90 CHASSIS CONSTRUITS par PORSCHE dans le Tiger programme.canon de 88 mm L71 dans une casemate fixe hyperblindee (ep 200 mm), mais sans mitrailleuse de caisse!!!Perce 165 mm a 30° a 1000 m.
Vitesse maxi 30 km/H.
Transmission defaillante et roule maxi a 20km/h. pannes frequentes! Moyens de depannages inadaptes a ses 68/70 t.
Moyen de sabotage (explosif) a l interieur du vehicule!

SOVIETIQUES.

SU152 . "ZVIERBOI" (chasseur de betes).
canon obusier de 152 mm ML-20 modele 1937. visee maxi de 700 a 900 m!

CANON D ASSAUT


ALLEMANDS.

STURMGESCHUTZ III sur base de panzer III .canon de 75 mm KWK 40 L/43 et ou L/48. Vehicule tres performants qui fait office aussi de chasseur de char!
STURMHAUBITZE  sur base de stug III .obusier de 105 mm.
STURMPANZER IV " STUPA" sur base de panzer IV .obusier Stuh 43 de 150 mm .

SOVIETIQUES.

SU 122 (copie du sturmgeschutz III) obusier de 122 mm modele M30S.
QUE DES OBUS EXPLOSIFS POUR SE CANON!!!
Marcius45
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